DECRYPTAGE. Manifestation fasciste en Italie, "Comité du 9 mai" en France : les groupuscules d’extrême droite montent-ils en puissance ?

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l'essentiel Alors que plus d’un millier de manifestants ont effectué un salut nazi en pleine rue lundi 29 avril en Italie, en commémoration de l’anniversaire de la mort d’un militant néofasciste, le politologue spécialiste de l’extrême droite Jean-Yves Camus revient sur la dynamique des groupes radicaux d’extrême droite en France.

Lundi 29 avril en Italie, des manifestants se sont réunis dans la rue pour rendre hommage à Sergio Ramelli, jeune militant du Mouvement social italien (MSI), un parti néofasciste fondé après la mort du dictateur Benito Mussolini. Le jeune homme a été tué en 1975 par des militants d’extrême gauche. En France, un autre rassemblement est prévu le 11 mai prochain par un collectif d’ultradroite. Le politologue spécialiste de l’extrême droite Jean-Yves Camus analyse pour La Dépêche la présence de ce type de phénomène dans l’Hexagone.

La Dépêche : En Italie, lundi 29 avril, a eu lieu un rassemblement de militants d’ultradroite, effectuant des saluts nazis. Est-ce un phénomène récent ?

Jean-Yves Camus : C’est un phénomène très ancien qui date du moment même où les événements de commémoration sont apparus en Italie, notamment pour les manifestations qui concernent les morts qui appartenaient à la mouvance néofasciste dans les années 70-80.

Les rassemblements d’ultradroite ne touchent pas que l’Italie. En France, le "Comité du 9 mai ", un collectif d’extrême droite, doit manifester le 11 mai prochain. L’an passé, le rassemblement n’avait pas été censuré mais cette année, une interdiction est évoquée…

L’année dernière il y avait eu une controverse, sur le fait que cette manifestation n’avait pas été interdite. En admettant que le rassemblement soit interdit, les organisateurs ont toujours la possibilité de déposer un référé liberté afin d’obtenir de la justice administrative que la manifestation soit finalement autorisée. Sur les dernières manifestations qui ont été interdites à Paris, les organisateurs ont toujours déposé un référé liberté et ont souvent gagné. Donc même s’il y a une interdiction de la manifestation du 11 mai, je ne doute pas que les organisateurs du "Comité du 9 mai" utiliseront un recours administratif. Si ce dernier est refusé, on rentre alors dans le cadre d’un rassemblement non autorisé, qui est passible d’amende.

Avec la montée de l’extrême droite dans l’Hexagone, doit-on s’attendre à davantage de rassemblements de ce type sur notre territoire ?

Pas forcément, car les groupes nationalistes qui manifesteront le 11 mai sont des groupes d’ultra-droite radicale par définition. Ce sont des groupes indépendants qui considèrent pour la plupart que Marine Le Pen et le Rassemblement National ne sont pas suffisamment radicaux. C’est une dynamique indépendante.

Ces groupes indépendants que vous évoquez semblent être légion de nos jours, comment l’expliquez-vous ?

Depuis la dissolution des deux principales organisations d’ultradroite, "Génération Identitaire" en 2021 et "Bastion Social" en 2019, nous constatons la création d’une quantité industrielle d’organisations partout en France, y compris dans des endroits où il n’y en avait pas avant, comme à Albi, Carcassonne ou encore Lorient. Là où il existait deux grandes organisations hier, les mesures de dissolutions en ont fait éclore toute une série car il est interdit de reconstituer un mouvement qui a été dissous, c’est un délit. Donc la parade que ces gens ont trouvée, c’est de fonder chacun dans leurs coins des petits groupes. Chaque groupe porte un nom différent et a son activité propre. Mais tout ce monde fonctionne évidemment en réseau.

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