DECRYPTAGE. "Gabriel Thatcher", "Gabriel Sarkozy"... pourquoi le Premier ministre a agacé à la gauche lors de son discours de politique générale

Abonnés
  • Gabriel Attal a prononcé hier un discours de politique générale qui a fortement clivé l'hémicycle
    Gabriel Attal a prononcé hier un discours de politique générale qui a fortement clivé l'hémicycle AFP - EMMANUEL DUNAND
Publié le

l'essentiel Le Premier ministre a prononcé mardi un discours de politique générale de plus d'une heure qui a fortement agacé la gauche et l’extrême droite, ravi les macronistes, et laissé la droite sans voix.

Il n'en a manqué aucun ou presque : Giscard, Sarkozy, Thatcher, Fillon... Salle des quatre colonnes, mardi, après le discours de politique générale du Premier ministre, les oppositions ont convoqué les figures marquantes de la droite pour dénoncer le virage opéré par l’exécutif. "Pourquoi avoir choisi un Premier ministre si jeune pour faire un discours si vieux et si réactionnaire", fait mine de s'indigner l'Insoumis Alexis Corbière ajoutant, "celui qui a prononcé la parole la plus juste aujourd'hui, c’est le président du groupe MoDem Jean-Paul Mattei. Il a lancé à Attal : vous me faites penser à Giscard. Voilà, il avait tout dit"...

Standing ovation

Il est 15 heures passées de quelques minutes, lorsque le nouveau locataire de Matignon commence son discours. L'hémicycle est plein et s'agite dès ses premiers mots. "Le propre de toute société humaine c’est de regarder en face. Une société ne se perd jamais quand elle cherche à avancer, elle se perd quand le doute la fige. Je suis né en 1989…"

A lire aussi : Gabriel Attal : "Parler vrai", baisses d'impôt… comment le nouveau Premier ministre compte relancer le quinquennat

La voix du Premier ministre disparaît sous les rires. Il va ainsi continuer durant plus d'une heure alors que la gauche râle, vocifère parfois, que la droite se partage des bonbons et que Marine Le Pen gesticule lorsqu'il est question d'Europe. "Ils ont compris que je n’arrêterai pas malgré leurs hurlements, donc je peux continuer", assure le Premier ministre à la présidente de l'Assemblée qui tente de calmer les élus.

"C’est honteux"

L'annonce de la réforme de l'AME (Aide médicale d’État) provoque un surcroît de tension : "C’est honteux", crie la Nupes. La volonté de régulariser des médecins étrangers ou le soutien aux profs passent aussi très mal à gauche où l'on dénonce une forme d’hypocrisie.

Il est 16h20 lorsque le Premier ministre retourne s’asseoir au banc. La majorité lui offre alors une standing ovation de près d'une minute. Assis à côté de lui, Gérald Darmanin lui adresse un signe amical avant de partir en courant. Les oppositions sont prêtes à se déchaîner.

"Les super boomers vont être contents"

La socialiste Christine Pires-Beaune est l'une des premières à se présenter devant les caméras : "Il n'a pas dit un mot sur la fin du quoi qu'il en coûte, il est totalement déconnecté. Pour restaurer les services publics, il faut de l’argent, il faut donc des ressources supplémentaires. Il n'a rien dit là-dessus", s'indigne-t-elle.

A lire aussi : VIDEO. "Je suis né en 1989" : au Sénat, Bruno Le Maire lit en direct le discours de Gabriel Attal et provoque l'hilarité

"C'était un film sans suspense car il avait été spoilé par Macron lors de sa conférence de presse. Mais en gros c'était haro sur les plus faibles", nous confie Olivier Faure le patron du PS. Non loin de lui, Sandrine Rousseau (EELV) partage cet avis : "C'était extrêmement réactionnaire. On était entre Thatcher et Fillon". "C'est Gabriel Thatcher qui s’est exprimé cet après-midi", complète le leader communiste Fabien Roussel. L'ancien ministre de l'Agroalimentaire de François Hollande, Guillaume Garot, nuance le tableau.

"Tout est possible"

Pour lui il s'agissait plutôt de " Gabriel Sarkozy." " Il a terminé son discours par 'tout est possible' ce qui n’est pas sans rappeler la formule de Sarkozy 'ensemble tout devient possible'. Le cap est pris désormais d'une politique de droite conservatrice".

A lire aussi : Colère des agriculteurs : plan de contrôle, fonds d'urgence pour les viticulteurs.... les nouvelles annonces de Gabriel Attal face à la crise agricole

Le RN a lui aussi envoyé ses députés faire l'exégèse de cette déclaration de politique générale : "Quand tu mets trois semaines pour écrire un discours, c'est que tu n'as pas grand-chose à dire. Les super boomers vont être contents et le reste des Français reste sur sa faim et va juste faire attention à ne pas annuler ses rendez-vous chez le médecin", ironise le député de la Somme Jean-Philippe Tanguy. Gabriel Attal a, en effet, proposé que les rendez-vous médicaux non honorés soient désormais payés.

"C'est ce que l'on attendait"

Les macronistes sont finalement assez peu nombreux pour défendre leur champion. Le député de Paris Benjamin Haddad est un peu seul mais enthousiaste : "Vous avez vu la très longue standing ovation ! Ça va nous faire du bien, c'est ce que l'on attendait", nous confie-t-il. Et d'ajouter : "On en revient à l'ADN du macronisme : la lutte contre les corporatismes, les rentes, la simplification et l'Europe. Ça donne un cap très politique et une nouvelle énergie".

La droite, elle, est étrangement absente, peut-être parce que le Premier ministre, hier, a largement rogné sur ses terres.

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement
à cet article à partir de
3€/mois
Voir les commentaires
Sur le même sujet
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?

Les commentaires (2)
jefdumas62 Il y a 3 mois Le 04/02/2024 à 16:28

le contraire !! venant de la gauche !!! etc aurait été miraculeux.

cama33 Il y a 3 mois Le 04/02/2024 à 10:15

Il faut arrêter le copier/coller car ce monsieur, G.Attal, est de formation socialiste comme le stagiaire de l'Élysée. Il peut dire ce qu'il veut, les mesures prises par E Macron et ses précédents gouvernements, sont des mesures bâclées, à pansements, des lois mal-ficelées; même la réforme sur la retraite. Ils profitent de la notoriété du 49.3 et du soutien du conseil constitutionnel, très LREM, très Renaissance et très socialiste. La seule chose crédible dans ce gouvernement vient de la ministre de l'Éducation nationale: faut il revenir sur des classes non mixtes ? le reste n'est qu'un amalgame de mesurettes aux calculs de bas étage: je donne d'un côté, je prend de l'autre...cordialement